Poème de la semaine
FANAFOUDER
Cela commence par un envoûtement
il se passe tant de choses dans un train
je regarde les nuages
une série de voyageurs
sans billet sans parler
mais bien visibles dans leurs anoraks
de couleurs vives pour un froid inconnu au nord
plusieurs fois ils s'asseoient séparément
une famille aussi des enfants
dans les bras, dans le train
ils font la manche en riant
contents du voyage qui n'aboutira pas
où ils croyaient
les contrôleurs passent en silence
quand il est impossible de sauter à toute vitesse
tigres tamouls où sont vos griffes et dents acérés
on s'asseoit à mes côtés pour fuir
tu payes son billet à une femme
qui ne dit rien
on ne sait jamais et pourtant on voit
dans le compartiment le bar fermé
les hommes aux anoraks
de couleur ont des menottes
aux mains, quatre plus quatre,
plus quatre encore
retrouvés ensemble
ils ne parlent toujours pas
la même langue
et cette fois ils se taisent
ne demandent plus l'heure
ni où l'on va
les éoliennes tournent
dans le vent arrageois
et je reste à regarder
mes mains.
Camille Loivier
poème publié dans la revue Contre-Allées n° 29-30 (automne-hiver 2011)
RENS / contre-allees@wanadoo.fr