Poème de la semaine
Mes filles, je vous appelle Divines. (...)
Vous vivez dans une époque étrangement mesquine. On a remisé les questions fondamentales dans le placard. On a fait de la lune un objet fabuleux. Mais c'est toute la création qui est fabuleuse, et très probablement amoureuse.(...)
Mes filles, mes Divines, je vous conjure d'admirer. Tout est fabuleux pour qui sait regarder. La fraicheur du regard est le commencement de la sainteté. Détournez-vous des gens masqués et de l'imbécibilité des aveugles. J'ai tendance à croire que tout est fabuleux de ce que frôlent nos yeux et de ce que prennent nos mains. Les bénisseurs possèdent cette terre. (...)
J'ai tout aimé, je me suis rassasié d'amour. Les pistes sont pleines de traces.(...) Je voudrais face à la vie vous savoir sans crainte et sans tremblement. (...)
J'ai tout aimé de ce qu'il est possible d'aimer. Et si de secrètes larmes ont buriné mes joues, je les bénis tout de même puisqu'il est dit que ceux-là qui ont pleuré recevront la grâce de la consolation.
Xavier Grall
extrait de L'inconnu me dévore, ou Lettre à mes filles, in Oeuvres complètes, à paraître aux éditions Calligrammes.