Poème de la semaine
vous pourriez appeler chacune des bêtes par son nom, chacune par chacun de ses traits, par sa manière de contourner le piquet, le tronc, le fossé, par sa démarche sous les grands arbres secs et dans la pente, par sa soif, sa faim, ses pelures d'oreilles, l'épaisseur de sa toison, par sa patience avec les mouches, son bêlement dans l'écho,
vous les avez toutes nommées très tôt, dès leur arrivée, avec elles épelé ce qui n'aura de signifiance qu'entre vous et la montagne, balbutiement trouvé entre les mottes et les hautes herbes, que lentement vous mâchez, avec elles vous ruminez
Franck Doyen
extrait de collines, ratures, éditions La lettre volée